Unique candidate en lice à la succession de David Lappartient, l’ancienne ministre des Sports a été élue le 19 juin à la tête du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Son programme fait la part belle à la défense d’un sport intègre et au fair-play.
Ne pas laisser les acteurs du sport livrés à eux-mêmes
Premier impératif, à l’heure où le contexte est particulièrement délétère, ne pas laisser les acteurs du sport livrés à eux-mêmes. « Nos fédérations et nos clubs doivent être mieux épaulés face aux nouveaux défis sociétaux auxquels ils se retrouvent exposés »insiste Amélie Oudéa-Castéra. Car, encore une fois, les défis de taille s’amoncellent : « Nos fédérations et nos clubs doivent notamment faire face à une pression de plus en plus forte pour résister aux dérives (violences sexistes et sexuelles, violences dans les stades, violences contre les arbitres, discriminations en tous genres, atteintes à la laïcité) qui frappent la société dans son entier, mais que l’on ne peut pas laisser s’enkyster dans le sport au risque de voir détruits son apport et ses valeurs. Il ne faut jamais perdre de vue la dimension citoyenne et éducative de la mission du mouvement sportif. »
Se rapprocher des établissements scolaires et universitaires
D’où la volonté de, sans cesse, faire œuvre de pédagogie et, pour cela, de se rapprocher des entités dont c’est la mission première. « C’est la raison pour laquelle nous devons faire vivre les valeurs du sport et celles de l’olympisme dans nos établissements scolaires et universitaires, en plus d’inciter la jeunesse à s’investir dans la pratique sportive ou dans l’arbitrage, préconise Amélie Oudéa-Castéra. Pour cela, nous devons créer les conditions d’un rapprochement tant culturel qu’opérationnel entre nos établissements scolaires et universitaires et nos clubs, qui fonctionnent encore trop en silos alors que l’ambition d’une grande nation sportive ne peut voir le jour sans une meilleure articulation entre les éducateurs sportifs et les enseignants d’EPS, dont les rôles sont essentiels et complémentaires. »
Les fédérations au cœur du réacteur
Mais ce sont bien les fédérations qui sont au cœur du réacteur pour défendre un sport éthique et intégrateur. La Présidente du CNOSF en est convaincue : « Elles ont plus que jamais conscience qu’elles doivent pleinement s’emparer du rôle sociétal positif qu’elles sont en mesure de jouer, chacune selon ses possibilités et ses priorités : inclusion sociale par le sport, juste prise en compte du handicap, promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes, etc. »
Pour les épauler, le CNOSF se propose de développer et de porter avec les fédérations des argumentaires offensifs, précis et chiffrés valorisant l’impact sociétal du sport et les économies qu’il engendre pour la collectivité.
Une participation impactante du CNOSF
Parallèlement, pour valoriser l’apport citoyen du mouvement sportif, le CNOSF entend « assurer une participation impactante aux grands temps forts de la mobilisation nationale ou internationale », notamment la lutte contre toutes les formes de discrimination (le 17 mai), contre les violences faites aux femmes (le 25 novembre), pour le sport au service du développement et de la paix (le 6 avril), pour le fair-play (le 19 mai) ou encore, pour le développement durable et le bénévolat (le 5 décembre).
Un soutien en cas de difficultés en matière de laïcité
De même est-il nécessaire de mieux soutenir les fédérations et les clubs confrontés à des difficultés spécifiques en matière de laïcité. Et ce, en rendant plus clair le cadre d’application actuel, par exemple l’absence de signes religieux pour les athlètes des équipes de France censés incarner la neutralité du service public ou la possibilité, dans le sport amateur, d’interdire le port de signes religieux de manière proportionnée pour le temps et sur le lieu des compétitions en cas de troubles à l’ordre public.
Le but est, d’une part, d’accompagner les fédérations qui souhaitent faire évoluer leurs statuts et, d’autre part, de solliciter auprès de l’État des moyens renforcés pour aider les acteurs confrontés à des cas d’entrisme religieux ou de séparatisme qui doivent être systématiquement remontés pour être efficacement éradiqués. Le tout sans cesser de porter haut la mixité et le vivre ensemble.
Élargir le champ d’action de la commission de déontologie du CNOSF
Le champ d’action de la commission de déontologie du CNOSF sera élargi à celui de l’éthique pour que le Comité puisse pleinement agir en miroir de la Charte d’éthique et de déontologie du sport français, adoptée en mai 2022 et qui comprend diverses thématiques (la lutte contre les discriminations, les paris sportifs, la lutte antidopage, etc.). Ladite commission devra, en outre, aider les fédérations à renforcer leur comité d’éthique ainsi que leur approche de ces sujets (constitution d’un vivier de référents ou de déontologues, mise à disposition de formulaires types, conseils en matière de constitution de partie civile…).
A ce sujet, le Comité Français du Fair Play a largement diffusé en 2024 un guide de recommandations pour l’éthique et l’intégrité dans le sport, financé par l’Union européenne dans le cadre des projets Erasmus.
Création d’un comité disciplinaire ad hoc du CNOSF
Autre avancée, la création d’un comité disciplinaire ad hoc du CNOSF pour assister, dans la gestion des dossiers de Violences sexistes et sexuelles (VSS), les fédérations qui ne disposeraient pas des ressources suffisantes pour ce faire et qui solliciteraient son intervention. Ce comité pourrait, de surcroît, être doté d’un droit d’évocation à l’encontre des fédérations coupables d’inaction manifeste en cas de VSS.
Encourager de manière transversale l’écoute des victimes
De même est-il impératif d’encourager, de manière transversale, l’expression et l’écoute des victimes via toutes les instances et les procédures (y compris la conciliation) du CNOSF. Ce qui n’exclut pas, dans le même temps, de se rapprocher des associations de victimes pour mener, avec les fédérations, une action énergique de sensibilisation des enfants et des familles, mais également de prévention de toute les formes de violences dans le sport.
A ce sujet, le Comité Français du Fair Play a signé le 11 mars 2025 une convention avec France-Victimes. (lien vers la convention)
Le Comité Français du Fair Play a également signé une convention avec Respect Zone pour assister les victimes de cyberharcèlement et de haine en ligne. (lien vers les actions de Respect Zone « nos actions »)
Une montée en puissance du contrôle de l’honorabilité
Le tout sans omettre d’apporter un appui méthodologique plus fort aux fédérations, afin de favoriser la montée en puissance du contrôle de l’honorabilité des bénévoles, mais aussi des acteurs qui évoluent régulièrement au bord des terrains, au contact des enfants, et qui doivent être mieux identifiés et suivis.
Propos recueillis par Alexandre Terrini
Le Comité Français du Fair Play s’inscrit totalement dans l’ensemble de ces actions relatives à la lutte contre les violences dans le sport et au respect des valeurs fondamentales du sport chères au CIO.
Le Guide de Recommandations pour l’Ethique et l’Intégrité dans le Sport (GREIS) élaboré par la CFFP constitue une base de travail importante et exhaustive pour l’ensemble des structures du mouvement sportif français membres du CNOSF qui ont la volonté de progresser dans leur démarche vers un sport sans violence : (Lien vers le Guide GREIS)
Pour rappel, le CFFP est membre de l’INS (Instance Nationale du Supportérisme) et son président représente le CNOSF au sein de la « Commission nationale consultative de prévention des violences lors des manifestations sportives ».
Enfin, le CFFP engage actuellement une démarche de labellisation Fair-Play des structures du mouvement sportif (fédérations, CROS, CDOS, CTOS), gage d’engagement pour un sport respectueux des valeurs d’un sport sans violence. (ci-après le logo du Label)
