Le responsable des partenariats sportifs au sein de La Poste décrypte le sens et les objectifs qui ont poussé le groupe à s’associer à la défense et à la promotion du corps arbitral depuis plus de quinze ans.

Quelles sont les valeurs communes entre une institution comme La Poste et la défense de l’arbitrage dans le sport ? En somme, quelle est la communauté de valeurs qui a justifié votre implication en faveur de cette cause ?
Vous avez raison : à propos de La Poste, il convient de parler d’une institution parce qu’effectivement, les services postaux existent depuis très longtemps au service de la population. Par ailleurs, nous sommes engagés depuis maintenant dix-huit ans aux côtés des 58 000 arbitres élites et amateurs de quatre sports collectifs que sont le football, le rugby, le handball et le basket. Ce n’est pas uniquement l’élite qui nous intéresse. Nous soutenons tous les arbitres, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, issus de toutes les régions. Ce partenariat a traversé les présidences et a été reconduit régulièrement. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il y a un vrai parallèle entre la fonction de l’arbitre et celle du postier. Le premier des points communs, c’est l’engagement des arbitres au service de tous, sur tous les terrains, à travers toute la France, du début jusqu’à la fin de la saison. Tout comme les postiers sont engagés au service de la population, six jours sur sept pour délivrer partout le courrier et les colis. Il y a donc cette double notion d’engagement et de service public. En effet, ces deux populations, arbitres et postiers, lesquels prêtent serment, sont investies d’une mission de service public. D’ailleurs, si vous agressez un arbitre, si vous commettez un acte de violence à son encontre, vous êtes passible de sanction pénale. En outre, il y a cette notion commune d’intermédiaire de confiance. Un postier, c’est un intermédiaire de confiance entre un expéditeur et un destinataire. L’arbitre, lui, est un intermédiaire de confiance entre deux équipes ou deux joueurs. Il est le garant du bon déroulement du jeu comme le postier est le garant de la bonne distribution d’un colis.
Faites-vous le constat que les arbitres comme, malheureusement, de plus en plus souvent les postiers, sont malmenés et victimes d’actes délétères ?
Je ne peux pas dire si, de manière générale, l’on assiste à une mise en danger des postiers ni s’ils sont, à ce titre, l’objet d’une précarisation. En revanche, oui, ils sont l’objet d’incivilités qui leur sont faites et parfois de violences physiques ou verbales. C’est également le cas dans les bureaux de poste. C’est pour cela que nous prenons des mesures en matière de formation et de sensibilisation des publics. En revanche, ce qui est certain, c’est qu’effectivement, sur les terrains de sport, il y a de la violence ne serait-ce que de la part des joueurs. Il est vrai que ce sont deux populations qui sont au service des autres et qui sont l’objet de violences.
« Soutenir les fédérations qui aspirent à recruter de jeunes arbitres »
Pourquoi soutenir uniquement les arbitres de ces quatre sports collectifs ?
Historiquement, La Poste est arrivée en 2009 en tant que partenaire des arbitres, un partenariat qui avait été initié par les magasins But en 2001. Celui-ci avait comme périmètre ces quatre sports collectifs majeurs où l’arbitre est à la fois visible et, surtout, mobile sur le terrain pour être au cœur du jeu. Il est en première ligne et doit, pour cela, être extrêmement affûté physiquement et psychologiquement. A ce jour, il n’y a pas de volonté, de notre part, d’étendre ce partenariat à d’autres disciplines.
En quoi consiste votre action en faveur des arbitres ? Quels en sont les objectifs ?
Il s’agit de les valoriser, de les défendre, de les mettre en avant, de préserver les valeurs du sport et de rappeler que sans eux, il n’y a pas de jeu, donc pas de match et donc pas de sport. Nous avons une triple ambition : d’une part, valoriser les femmes et les hommes qui sont engagés au service du jeu en insistant sur le fait qu’ils sont les garants des règles et des lois du jeu, ainsi que de l’intégrité physique des joueurs ; ensuite, les accompagner concrètement dans l’exercice de leurs fonctions mais également les fidéliser, surtout quand ils sont l’objet de violences physiques ou verbales ; enfin, susciter des vocations en soutenant les fédérations qui aspirent à recruter de jeunes arbitres. La valorisation de l’arbitrage passe aussi par le rappel que lorsque l’on est arbitre, on développe des qualités et des compétences utiles au développement personnel des jeunes en tant qu’Hommes, citoyens ou même étudiants. Par exemple, quand ces derniers passent des examens, ils savent prendre des décisions dans l’instant et les expliquer mais aussi faire preuve de pédagogie. Ils ont également davantage confiance en eux dans des situations difficiles. Ce sont là des qualités et des compétences utiles pour passer des examens, obtenir un emploi et gravir les échelons au sein d’une entreprise…
Concrètement, quelles formes prend votre contribution ?
Nous sommes là pour faciliter l’ambition des fédérations. A cette fin, nous développons un plan d’action qui s’appelle « Tous arbitres », déployé tout au long de l’année. Il vise à valoriser l’image de l’arbitrage et des arbitres en faisant en sorte que cette fonction soit mieux comprise par les différents publics, les spectateurs, les téléspectateurs, etc. On essaie de leur faire découvrir la fonction arbitrale. Pour cela, des agences de communication en interne travaillent avec les districts, les comités départementaux et régionaux. A cela s’ajoute un point d’orgue qui vient ponctuer ce plan d’action, en l’occurrence, les Journées de l’arbitrage qui ont lieu annuellement avec les comités, les districts, voire les clubs.Cette année, elles se sont tenues du 1er au 8 octobre. Là, le but est de promouvoir, sur les terrains, tant chez les pros que chez les amateurs, la fonction d’arbitre pour sensibiliser les joueurs, les dirigeants mais, surtout, les spectateurs et les téléspectateurs. De jeunes licenciés ont notamment été amenés à prendre le sifflet pour découvrir et comprendre la fonction d’arbitre. Ils prennent un sifflet, enfilent une chasuble, arbitrent un petit match ou des séquences de jeux. Le tout sous la houlette d’un arbitre senior qui guide le jeune qui officie. Le rôle de La Poste, c’est de mettre en musique tout cela en organisant cet évènement avec les quatre fédérations et leurs ligues professionnelles. Elles établissent un cahier des charges qu’elles communiquent, ensuite, à leurs organes déconcentrés. A charge, pour ces derniers, de mettre en place diverses opérations. Il importe également de faire rayonner ces Journées sur l’ensemble du territoire et dans les médias. La Poste ne veut pas n’être qu’un simple sponsor avec de la visibilité sur les maillots des arbitres. Elle veut aussi être un acteur moteur de ces Journées de l’arbitrage.
« Faire changer le regard d’un grand nombre de Français sur la fonction d’arbitre »
L’idée est aussi de se montrer innovant à chaque édition…
Tout à fait. Chaque année, nous mettons en place un outil nouveau à la disposition des clubs, des éducateurs et des encadrants. Cette année, lors des Journées de l’arbitrage, nous avons conçu et développé une sorte d’escape game interactif, intuitif et ludique. Il s’intitule Mission Arbitrage et permet aux jeunes de se glisser dans la peau d’un arbitre et de découvrir les différentes facettes de la fonction et les compétences qu’elle requiert (qualités physiques, agilité, anticipation, etc.),qui sont souvent méconnues des jeunes.
A cela s’ajoutent les Trophées de l’arbitrage et la Coupe de France des arbitres…
Effectivement. Les Trophées de l’arbitrage honorent des lauréats dans huit catégories afin de récompenser des clubs, des districts, voire des personnalités qui mettent en place des actions de développement de l’arbitrage. Quant à la Coupe de France des arbitres, c’est une initiative entre la Fédération française de football et La Poste qui s’adresse à l’ensemble des arbitres professionnels comme amateurs, y compris les juges de touche et les arbitres de futsal. Tous sont soumis à des quizz techniques et passent des tours. En seizièmes de finale, les trente-deux arbitres sélectionnés arbitrent des matchs par deux et sont notés par un superviseur, et ainsi de suite jusqu’à la finale. Par ailleurs, nous mettons en place des dispositifs médias avec des influenceurs pour faire connaître l’ensemble de ces opérations, mais aussi la difficulté d’arbitrer afin qu’un grand nombre de Français changent leur regard sur la fonction.
Des collaborations avec des instances comme le Comité français du fair play sont-elles envisageables ?
L’action du CFFP est très importante, j’insiste sur ce point, tout comme l’est celle de La Poste aux côtés des arbitres. L’une et l’autre sont complémentaires. En revanche, nous moyens contraints nous empêchent, à ce jour, d’engager de nouvelles collaborations.

