
Le Comité français du fair-play (CFFP) a organisé, le 21 mai dernier, au siège du CNOSF, son traditionnel forum sur la « Santé mentale des sportifs ». Un thème dont on commence seulement à prendre la peine mesure et à aborder avec toute l’attention qui convient.
« Les troubles mentaux et psychiques représentent, aujourd’hui, le premier poste de dépenses de l’Assurance maladie, avec un coût économique et social de 100 milliards d’euros par an, a rappelé, en préambule, Jean-Pierre Mougin, Président du CFFP. Les sportifs ne sont pas épargnés. Il est donc important de les accompagner, surtout le plus jeunes, car pour être performant en compétition, il est indispensable d’être en très bonne santé. »
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la santé mentale a été reconnue comme Grande cause nationale 2025, a souligné Betty Charlier, vice-Présidente du CNOSF en charge du sport-santé et du bien-être. Qui a insisté sur le fait que « le mouvement sportif répond depuis de nombreuses années à cet enjeu de santé publique ». Et de souligner que « l’activité physique et sportive représente un formidable levier pour la santé mentale. Plus encore, le sport est un espace social. Il crée du lien et encourage le dépassement de soi tout en rappelant l’importance du collectif. »
Un constat qui intéresse au plus haut point le CFFP dans la mesure où, a redit Betty Charlier, « c’est là que le fair-play prend toute sa dimension en faveur d’une pratique dans un cadre respectueux, inclusif et bienveillant. Il favorise un environnement sain pour le corps et l’esprit. Parfois, un simple geste d’encouragement sur un terrain peut-être le premier pas vers un mieux-être profond. A l’heure où tant de jeunes et d’adultes se trouvent en difficulté psychologique, le rôle du sport est un enjeu crucial. Il n’est pas un remède miracle mais pratiquer de manière régulière est un allié précieux. » Dans cette optique, Betty Charlier s’est félicité que « la promotion du sport, en France, au cours de l’année 2024, a produit ses fruits. Le mouvement sportif a en effet enregistré une hausse de 5 % des licences pour la saison 2024-2025. » Preuve que « la promotion de la santé par l’activité physique est plus que jamais un enjeu de société ».

Betty CHARLIER – Vice-présidente du CNOSF en charge du sport-santé et du bien-être
« Le sport a un rôle singulier dans la confiance en soi et la conscience de soi »
Une assertion que partage sans réserve Marie-Amélie Le Fur, Présidente du Comité paralympique et sportif français (CPSF) qui a déploré que « la santé mentale des Français est un sujet qui reste encore assez peu connu alors qu’il est essentiel pour le sport et notre nation ». D’où la nécessité de « mener un travail collectif sur la santé mentale des sportifs dans le sport et par le sport, lequel joue un rôle essentiel sur la santé et la santé mentale. A fortiori dans le parcours de vie des personnes en situation de handicap. Là, le sport a un rôle singulier dans la confiance en soi et la conscience de soi et, donc, un rôle moteur dans la santé mentale. »
Plus largement, « le sujet du bien-être des sportifs de haut niveau n’est apparu que récemment avec la libération de la parole des sportifs qui assument désormais le fait d’évoquer la notion de burnout ou les difficultés d’articulation entre leur vie sportive et leur vie personnelle ». Pour Marie-Amélie Le Fur, il est impératif d’enfoncer le clou : « Alors que se tourne la page des JO de 2024, laquelle a été extraordinaire, nous ne pouvons ignorer collectivement la souffrance et la santé mentale de nos équipes de France alors que nous sommes déjà dans la préparation des JO de 2026 et 2028. Le mouvement sportif et l’entièreté de ses acteurs doivent désormais travailler de manière bien plus coordonnée et cohérente pour appréhender le sujet la santé mentale. » D’autant que « le sport peut être à la fois moteur de prévention en matière de santé mentale mais aussi un élément qui entraîne des difficultés de santé mentale pour les sportifs de haut niveau ». Une ambivalence périlleuse.

Marie-Amélie LE FUR Présidente du CPSF
Venue conclure les débats, Marie Barsacq, ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative a réaffirmé que « la santé mentale des sportifs doit devenir l’affaire de tous : de l’État, du CNOSF, des fédérations sportives, des clubs, des encadrants, des entraîneurs, des médecins, des psychologues et, bien évidemment, des sportifs eux-mêmes mais aussi de leurs familles et de leurs proches. » A ce titre, « les Jeux de Paris de 2024 ont été un moment déclencheur pour aller plus loin. Face à la détresse des certains de nos jeunes sportifs, il est nécessaire d’ouvrir le débat pour libérer et accueillir la parole sans stigmatisation ni préjugé mais surtout de rendre visibles les solutions d’accompagnement. Je souhaite que tous les acteurs du sport puissent s’ouvrir davantage à ce sujet et commencent par inclure pleinement la santé mentale dans les programmes de formation et de suivi des sportifs. »
« Mieux comprendre pour mieux accompagner et prévenir »
C’est pourquoi la ministre « a demandé à l’Insep de pleinement s’impliquer sur ce sujet. Il s’agit de mieux comprendre pour mieux accompagner et prévenir des comportements qui nuisent, à terme, à la santé globale de nos sportifs et à leurs performances. Nous devons proposer un environnement sain qui sait aussi prendre soin, accueillir et accompagner toutes les personnes sans préjugé ni discrimination. À cet égard, je souhaite insister sur le rôle des clubs qu’il convient d’outiller avec des guides de bonnes pratiques. »
Qu’on se le dise, « le ministère des Sports est pleinement engagé pour faire de la pratique sportive un outil de santé et d’épanouissement pour tous. Pour y arriver, nous devons travailler encore plus collectivement afin de véritablement prendre en considération le sportif dans toute sa complexité. » Lourde et vaste tâche.

Marie BARSACQ – Ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative
Alexandre Terrini